Chez Océanelle – turlupinade n° 2
Je voulais faire du rangement, la maison était dans un tel état. Le printemps bien avancé. Avant mes vacances, je souhaitais me rendre au grenier pour y faire l’inventaire de ce que j’allais garder ou jeter.
Après avoir parcouru dans cette grande demeure, de longs couloirs endimanchés de boiseries en pitchpin, je regardais au travers des fenêtres, le jardin aux alentours, remplis de roses rouges, déjà en fleurs. Je pensai qu’il me faudrait en redescendant, en faire un beau bouquet à mettre dans la grande entrée.
Tout au fond du corridor, se trouvait un escalier en colimaçon en fer forgé, joliment dessiné par un jeune artiste de talent, qui en avait réalisé de jolies volutes, d’inspiration art nouveau.
J’adorais cet escalier si finement travaillé.
Tout en haut, j’introduisis une lourde clef, en fit faire un tour, pour visiter cet endroit où je ne venais quasiment pas.
Il y régnait dans cette sorte de caverne d’Ali Baba une odeur de poussière ancienne, mélangée à de bien vieux souvenirs !
Dans un coin un vieux cheval en bois, quelques caisses, où se trouvaient entassés de vieux magazines récupérés lors du décès de ma grand mère ! Un mannequin trônait dans un autre endroit sous ce toit, en tissu, utilisé par elle pour les robes qu’elle confectionnait pour les dames des alentours, et ceci uniquement pour son plaisir. Des bibelots par ci par là, d’anciennes bouteilles gardées je ne sais pour quelle raison, et aussi un tandem entièrement rouillé.
Il m’aurait fallu beaucoup de temps encore pour en faire le tour, lorsque mon regard fut attiré par une malle nichée presque cachée sous la pente. Elle était striée, usée par le temps, et toute en cuir. De jolies poignées avaient fait leur temps. Ma curiosité allant grandissant, j’en ouvris le couvercle.
De la lingerie féminine, un compas, une boussole, une petite boîte que j’ouvris pour y découvrir quelques cahiers que je mis sur le côté.
Tout en dessous un grand drap que je dépliai. Il y était brodé en style renaissance deux belles initiales L et M., une vieille poupée de porcelaine, qui portait aux lèvres un sourire si doux.
J’ouvris ensuite les pages d’un de ces cahiers. Je parcourais et découvrais les phrases, les mots et mon cœur stupéfait, lu ceci :
Bien cher Louis,
Je viens d’apprendre que vous devez partir en voyage d’affaires. J’attendrai votre retour en décomptant les jours, mon cœur suspendu au temps qui passera trop lentement. Avant votre départ, ce léger baiser que vous avez déposé sur mes lèvres frémissantes, j’en garde à ce jour toute la saveur. Ni la musique ou la visite de mes amies n’arrivent à me distraire de votre absence.
Seule les promenades le long de la plage me rapprochent de vos pensées. La solitude, le ressac des vagues sont autant de souvenirs communs. Le châle qui entoure mes épaules garde la trace de votre odeur que je respire dans l’intimité de ma chambre. J’ai cueilli aujourd’hui quelques roses encore ouvertes en cette fin de saison si douce. J’ai tremblé en sentant sur mon visage si caressantes.
Je vous attends mon doux ami avec l’impatience que vous suspectez déjà chez moi.
Votre Maddy dévouée.
Le 1er novembre 1913
Ensuite, je découvris un autre papier faisant part du décès d’un Louis Bernard décédé au
Chemin des Dames.
J’essuyai une larme qui perlait au bord de mes cils. L’émotion me submergea.
© freesia novembre 2011
Bonsoir Gene.
Voilà un texte très bien tourné.je n’ai jamais eu de grenier mais à force d’en voir dans les anciens films,j’imagine tout ce qui peut s’y trouver.Tu racontes très bien et bien sûr,il y avait une malle qui renfermait bien des trésors.C’est touchant de lire les anciennes lettres ou cartes postales et c’est bien triste aussi car ce sont souvent des lettres d’amour de personnes qui ont disparu.Allez,refermons la malle.Tu y replongeras quand tu voudras.Je n’aime pas les histoires qui finissent mal.
Bonnes Fêtes de Pâques comme ton blog si bien décoré.Tu es vraiment très calée. 😉
A bientôt.
Gros bisous.Andrée.
Bonsoir Andrée,
Ce texte, il m’a été inspiré par la lecture de Victor Hugo, un atelier d’écriture aussi, si je me souviens bien et auquel à l’époque je n’ai pas participé.
Pour ce qui concerne Victor Hugo, j’avais lu le recueil : lettres à la fiancée. Livre introuvable aujourd’hui, sauf en passant par un site des enchères.
Je l’avais loué à la bibliothèque et avais pu l’emporter chez moi. Je suis tombée amoureuse des échanges épistolaires entre le jeune Victor Hugo et la demoiselle qu’il allait épouser.
Quelles belles lettres ! romantique à souhait !
Le bâtiment ? des souvenirs de jeunesse chez mes grands-parents, mais vraiment enjolivé également 🙂 C’était pas si grand tout de même.
Quant à la fin de l’histoire et le bille tout cela n’est que pure invention de ma part.
Sauf que le nom de famille existe bien et est un hommage que j’ai voulu rendre au premier mari de maman. Homme qu’elle a épousé, alors qu’il revenait de la guerre, avait la tuberculose et allait mourir. Oui cela n’est guère joyeux. Ils s’aimaient tous les deux, je le sais. Curieuse comme je suis, j’avais trouvé en étant adolescente du courrier de maman à cet homme. Ah ! les enfants sont si insupportables mdr !!!
Comme quoi, tu vois ce que peut devenir un texte ?…des souvenirs, des mots, tu secoues le tout, et cela fait cette petite nouvelle 🙂
Bisous
Geneviève
Une lettre de 1913 écrite avec une telle délicatesse !!!! on ne les tourne plus de cette façon à notre époque !
Tout est tres bien écrit ma chère Geneviève !!! je vous adresse toute ma sympathie !!! ke cette journée vous soit des plus agréables !!!
bon je reparle normalement 😆 bon ap ♥ @ bientôt 😆 tu sais ke j’ai toujours le chic pour rire (n’empêche ke cela m’aurait pas déplu de vivre en debut 1900, pour les toilettes ke portaient les femmes, l’ameublement , bien sur avec le luxe mais je suis sûr ke j’aurai été cireuse de chaussures 😆
quelle charmante lettre et combien touchante lorsque l’on connaît la fin
merci pour la partage
bon après midi
bisous
Mamie Mandrine
Ah ! Geneviève, quel délicieux souvenir tu ramènes là, à ma mémoire que cette Turlupinade chez Océanelle ! Ce texte est de toute beauté ! C’est tellement difficile de faire nos choix alors … on voudrait tout prendre mais hein ! … Merci beaucoup pour ton agréable passage chez-moi … je l’apprécie énormément ! Bonne soirée ! Grosse bise.
Bonsoir Gène ,
La Clef Bleue des Souvenirs , ouvre à l’Hors un Poème ,
Deux Lettres ainsi L.M , tout en son For Relire ,
Se Rappelant au Plaisir , d’une Liaison souveraine ,
Des Instants nons sans Peines , face au Destin a venir.
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NéO~
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Becs Submergeant 🙂
Bonjour NeO,
C’est la clé bleue des cieux
Qui ouvre la porte des yeux
De ceux qui regardent avec le coeur
Et avec l’âme, en marchant avec bonheur
Sur les sentiers des rubans de printemps.
Merci à toi 🙂
Pour toi NéO :

Photo prise dimanche dernier à Bordeaux à l’Abbatiale Sainte Croix, à l’Escale du livre, animation du week-end dernier.
Merci beaucoup 🙂