
Ma grand-mère Madeleine Titeca, pensant à son fiancé Ernest Funck
Mademoiselle brode, chante.
Elle file, file, l’aiguille. De sa main alerte, la jeune fille aux cheveux ondulés, brodeuse pour le plaisir, ayant remporté dans ce domaine un premier prix, assise à proximité de la fenêtre agite les couleurs. Elle prend le tissu, le chatouille de ses doigts, le froisse, le tend.
Le fin métal se joue de cet émoi qu’il ressent dans la chaleur qui l’envahit.
Il sait qu’il est le messager entre le coeur de la créatrice et de ce quadrillage qui défile à toute vitesse entre un brin de vert contre un autre de rouge.
Voilà que Mademoiselle se met à chanter. Elle vocalise. Première au concours de chant en tant que soprano au conservatoire de musique à Bruxelles, elle entonne l’air de Mimi. Combien de fois ne l’aurais-je pas entendu cet air là. De sa jolie voix elle fait grimper tous les degrés des notes mélodieuses.
La main volontaire colle à l’ouvrage. Elle dessine un corbeau d’un fil noir geai. Il s’envolera d’un coup d’aile fuyant un grand aigle tournoyant au-dessus des arbres. Elle suspend un instant et le chant et l’aiguille qui virevolte. Se regard se perd bien au-delà de l’avenue, des maisons et des parcs de la capitale Belge. Elle pense à son fiancé quelque part au Vietnam, envoyé là-bas en mission pour l’Etat Français. Dans sa dernière lettre il voyageait incognito dans une jonque.
Elle l’aimait depuis qu’elle avait seize ans. Il lui faudra attendre que la première guerre mondiale prenne fin, et jusque dans les années 1920 pour avoir la joie de l’épouser.
© freesia 11-05-2013
(ndlr) : Ma grand-mère a eu un premier prix au conservatoire de musique à Bruxelles et un premier prix de broderie. Elle brodait encore près de ces 80 ans. Mes grands-parents chantaient des airs d’opéra et d’opérette, maman aussi et mon père également dans un autre registre. Elle aidait maman essentiellement dans le raccommodage lorsque nous étions petits pour faire durer plus longtemps les vêtements. Elle aimait se rendre utile. Ce texte sont quelques souvenirs mélangés à de la fiction. J’ai toujours beaucoup aimé cette photographie avec un effet spécial, vraiment inédit pour l’époque. Ils avaient un excellent photographe Bruxellois.
Très beau texte qui nous emmène loin ! merci Bises
J’espère que tu verras ma réponse Geneviève!! mais malheureusement je n’ai plus ces anciennes cartes « vintage » effectivement moi aussi je me suis posé la question pourquoi « vintage » et j’ai trouvé juste ceci :
On parle de tirage vintage pour désigner un tirage photographique qui date du temps de la prise de vue et effectué par le photographe lui-même ou sous son contrôle.
Par contre je n’ai plus aucune de ces cartes de Ste Catherine que l’on nous envoyait !! les amis ,la famille. Avec les copines c’était à celle qui en aurait reçues le plus et les garçon c’était St Nicolas!! nous !! les gamins on aimait celà!!
Gros bisous Geneviève!!
Cela m’aurait ennuyée de ne pas lire ce très bel écrit!! une bien jolie photo que l’on appelle
» victorienne » j’ai encore des cartes que l’on m’envoyait à la Ste catherine!! dans les années 50-55 ! je peux le dire j’avais 15 ans !! maintenant elles sont considérées comme des photos victoriennes mais c’est ce qui fait leur charme!! un bien joli souvenir!! gros bisous
Bonsoir Niki,
Et oui il y a dans cet album d’anciennes photos. Celles-ci ayant été prises chez un photographe, je suppose que c’était ce qu’il y avait à la mode à cette époque. As-tu encore ces cartes postales ? Ce serait amusant de les voir 🙂 Moi avant mon mariage, j’ai dû me débarrasser de tout cela, pas assez de place ici, pour tout stocker hélas ! J’avais tout donné à maman, et à son décès, j’ai dit au brocanteur de tout prendre. Je n’avais plus envie de revenir avec ces souvenirs. Et maintenant je regrette. Ces vieilles cartes postales ont en effet tant de charmes. Nous pouvons en trouver pas mal sur internet ou sur des blogs qui leurs sont dédiés. Elles sont appelées « vintage » 😀 je ne sais d’où vient le terme.
Bisous et belle soirée.
un bien joli atelier sur fond de souvenir, j’ai adoré
merci de nous en avoir fait le partage et en plus avec les mots imposés ce n’est pas évident
bonne fin de soirée
bisous
Mandrine
Merci Christine, oui un texte qui m’est venu à la dernière minute 🙂 Bonne fin de journée à toi aussi.
Ils étaient doués dans la famille, dommage tout le monde est parti, il te reste les photos.
Bises
J’ai la chance d’avoir toutes ces photos. J’ai laissé d’autres partir ne connaissant plus personne. Maman à la fin, avant qu’elle ne soit mise en maison de repos, ne pouvait plus me dire, elle confondait tout. J’aurais dû tout noter, comme quoi en étant plus jeune, j’aurais dû y penser pour la transmission orale. Notre famille étant totalement dispersée, divisée. Géographiquement et divisée de par le mariage de ma mère.
Superbe évocation de ta grand mère et superbe photo l’illustrant .
Bisous
Un hommage que je voulais rendre à ma grand-mère et le texte tout à fait par hasard a fait que j’ai pu placer cette photo à laquelle je tiens beaucoup.
un joli souvenir. c’est bien de transmettre une trace écrite de l’histoire de sa famille aux plus jeunes : avoir une arrière grand-mère à la fois talentueuse et amoureuse, humaine en somme, c’est un témoignage précieux … belle journée
Bonsoir Jeanne et merci pour ton passage. Il s’agissait de ma grand-mère 🙂 du côté maternel. Une grand-mère à laquelle j’étais très attachée. C’était une femme ancien style, très bourgeoise, mais si bonne. Donner, donner et encore donner, alors qu’à la fin de sa vie après avoir mangé son pain blanc, mes grands-parents se sont retrouvés si démunis.
ah j’aime beaucoup aussi………le texte est émouvant inspiré de ta vie.c’est beau ma Genny tres beau…………bisous de dimanche
Coucou ma Ghislaine, Oui des instants pas tous repris de la vie de ma grand-mère.
Bisous en retour en ce dimanche et de douces pensées.
ça me touche beaucoup, j’avais le même genre de grands-parents…
et aujourd’hui encore, ils me manquent, à moi aussi
joli texte, Filamots!
Comme je comprends Adrienne. C’était l’occasion avec les mots qui sont venus comme cela, car il y a deux jours, je n’avais encore aucune idée de ce que j’allais écrire 🙂
un très beau texte et une belle photo
Merci Flipperine 🙂
magnifique, j’aime tes mots, ton texte, cette photo ancienne et cette partie de vie de ton ascendance, passe un très bon dimanche , bisous
Merci Reg, les mots j’ai dû les chercher. Et comme ma bonne-maman brodait dans le temps, celui que je n’ai pas connu, sauf dans des petits ouvrages où elle m’a appris certaines choses, je suis partie de ce mot et puis des vocalises puisqu’elle chantait aussi. C’était l’occasion aussi de mettre cette belle photo d’elle. J’ai un grand cadre de mes quatre arrières-grands-parents maternels, mais j’ai trop de reflets. J’avais essayé pour la photo du mois : savoir, mais je n’y suis pas arrivée. Je dois sans doute faire autrement.
La chatte Paulette m’a dévoré le pourtour de cet ancien cadre, la vilaine. Alors que cela fait trente ans que je le possède. Quelques souvenirs et oui 🙂
Bisous
Oh ! Geneviève, que j’♥ cela ! Cette photo est superbe en effet !
Bonne toute fin de ce jour à toi et doux dimanche !
Bisous.
Coucou Colette,
C’est une photo que j’ai toujours aimée. J’ai été la rechercher dans l’album, celui de ma grand-mère que j’ai ramené au décès de maman. J’ai de très belles photos dans ces albums. 🙂
Bisous à toi aussi.
Bonsoir Filamots… Une photo de famille comme on en faisait à l’époque ainsi, la demoiselle songeant à monsieur et vice versa ! Dommage que le temps passe si vite… un jour ils ne sont plus là ! Merci à toi… bonne nuit, jill, bises
Mon bonne-maman est décédée il y a très longtemps dans les années 1980. Mes grands-parents me manquent beaucoup.
Bisous et merci pour ton gentil passage. Bonne nuit à toi aussi. Bises